Des salariés et salariées ont participé à une enquête de l’UGICT-CGT qui démontre leurs expositions durant le travail en pleine épidémie. Stress, précarité, contamination…
Travailler durant l’épidémie
Un pourcentage important des salariés et salariées interrogées durant la période de confinement estiment qu’ils n’ont pas été suffisamment protégés dans le cadre de leur travail. 40 % disent n’avoir pas eu suffisamment de masques ou de gants. 63 % déclarent qu’il n’y a pas eu de mesure d’éloignement immédiat pour toute personne malade et collègue en contact. Et 93 % qu’il n’y avait pas d’alternative à l’utilisation des transports en commun.
Potentiellement contaminés
66 % indiquent, par ailleurs, qu’ils ont dû manipuler des équipements et objets potentiellement contaminés. 56 % avaient un poste en contact avec du public. 39 % ont dû se rendre sur des lieux où se sont trouvées des personnes malades du Covid-19.
Enquête de l’UGICT-CGT
L’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens (UGICT) de la CGT, qui revendique 80 000 affiliés, a réalisé cette enquête en ligne, entre le 8 et le 24 avril 2020. Il s’agit d’un sondage sur « les conditions de travail et d’exercice de la responsabilité professionnelle durant le confinement ». Elle a obtenu 34 000 réponses provenant de travailleurs et travailleuses de tous statuts et secteurs professionnels. Dont une majorité de non syndiqués et non syndiquée, tient-elle à préciser. Cette enquête a été réalisée avec les statisticiens de la Dares et de la Drees adhérents de la CGT des ministères sociaux.
Comment les salariés ont-ils été exposés ?
Cette enquête montre également que le travail « sur site » a concerné majoritairement les ouvriers et employés (61 %). Le télétravail étant plutôt l’apanage des cadres et professions intermédiaires. Pour autant, ce télétravail s’est plutôt déroulé en mode « dégradé ». Un tiers des télétravailleurs n’ont pas obtenu d’équipement informatique. Près de 80 % n’ont pas disposé de droit à la déconnexion. Et 97 % n’avaient pas d’équipement de travail ergonomique. Enfin, un quart n’avait pas d’endroit où s’isoler et, un tiers, notamment les femmes, ont dû télétravailler tout en gardant les enfants.
Femmes
En effet, cette crise montre que les femmes ont été davantage exposées que leurs collègues masculins. 36 % parmi celles qui ont été interrogées ont subi une hausse de leur charge de travail (contre 29 % des hommes). La présence des enfants au domicile a entraîné un surcroît de tâches domestiques chez près de la moitié des répondantes. 20 % des couples disent avoir connu des tensions. 2 % des répondantes -et répondants- évoquent même de la violence.
Salariés et cadres
Ce bilan, insistent ses auteurs, a été confirmé par les cadres. Ces derniers estiment, en effet, à 55 % que « la poursuite d’activité en présentiel constitue un risque de contamination » des salariées et salariés et de la population. 3 sur 10 que les activités « en présentiel » auraient pu être limitées.
Risques
En conclusion, à la veille du déconfinement, cette étude souligne les risques psycho-sociaux auxquels sont soumis les travailleurs. 35 % d’entre eux admettent une anxiété inhabituelle et près de la moitié de douleurs physiques.
Crise
Sans compter ceux qui s’estiment victimes sociales de la crise. 55 % des cadres ont ou vont perdre des jours de RTT. 57 % des salariés en chômage partiel ont perdu des revenus, un tiers des travailleurs du privé considèrent que leur emploi est menacé. En particulier dans des secteurs comme l’audiovisuel et le spectacle (48 %) ; le livre et la communication (51 %) et le textile (49 %). Enfin, les questions liées à la réalité du chômage partiel remontent aussi. Ainsi, 31 % des salariés en chômage partiel ou en arrêt maladie indiquent avoir dû continuer à travailler illégalement. Les auteurs de l’enquête soulignant un « non-respect du droit du travail généralisé » durant la période de confinement.
Pierre Luton
© Rafael Ben-Ari – stock.adobe.com
Home
- Bronchiolite, infection respiratoire : des vaccins pour les tout petits et les personnes âgées - 11 juillet 2024
- Pierre Luton alias Pluton journaliste, spécialisé santé, social et SEO - 10 juillet 2024
- La propagation des moustiques inquiète en Europe - 20 juin 2024