Protoxyde d’azote ou gaz hilarant : quels risques pour la santé ?

Protoxyde d’azote : levée d’interdiction à Paris

L’arrêté préfectoral interdisant aux mineurs de consommer ou de détenir du protoxyde d’azote (N2O) dans la plupart des arrondissements parisiens a pris fin le 31 octobre 2023 (la vente aux mineurs est déjà interdite). Cette interdiction, prise en mai dernier, jusqu’au 31 juillet, avait été prolongée jusqu’à cet automne. Il s’agissait d’apporter une réponse à l’augmentation de l’usage récréatif du protoxyde d’azote, autrement appelé gaz hilarant ou proto. A ce stade, il n’est pas précisé s’il sera reconduit ou non.

La plupart des photos sont des créations fictives.

Est-ce que le protoxyde d’azote ou gaz hilarant est légal ?

Une loi, votée en juin 2021, encadre déjà les usages dangereux du protoxyde d’azote. La vente aux mineurs est interdite. En plus de l’interdiction de la vente aux mineurs, ceux-ci ne peuvent pas, non plus, se voir offrir du protoxyde d’azote. Ce produit est néanmoins autorisé pour d’autres usages (pâtisserie, médecine).

A quoi sert le protoxyde d’azote ?

L’usage premier du protoxyde d’azote est d’abord connu en pâtisserie. Ce gaz, mis en pression dans des cartouches d’aluminium, insérées dans des siphons, permet de garnir un gâteau de crème Chantilly.

Les médecins-anesthésistes ont aussi recours au protoxyde d’azote, de façon encadré, pour endormir leurs patients.

Troisième usage, récréatif, mais nocif : on utilise les cartouches de protoxyde d’azote pour gonfler des ballons, car on le consomme habituellement par le biais d’un ballon.

Quels sont les effets du protoxyde d’azote  (gaz N2o) ?

C’est en utilisant notamment des ballons gonflés au gaz hilarant que l’usage détourné du proto se réalise.  Les personnes qui l’utilisent gonflent un ballon avec une cartouche et inhalent son contenu par le biais d’un ballon. Les ballons sont gonflés à l’aide d’un siphon ou via ce qu’on appelle un cracker (il s’agit d’un tube qui permet de percer les cartouches).

Prix d’une cartouche de protoxyde d’azote

Le prix d’une cartouche de protoxyde d’azote facilite évidemment l’usage dangereux du protoxyde d’azote : 2 euros environ la cartouche.

Utilisation : pourquoi les jeunes utilisent le protoxyde d’azote ?

La facilité d’accès et l’effet immédiat que procure le proto sont deux raisons qui le rendent « populaire » auprès des jeunes et des moins jeunes. Les professionnels de santé tirent l’alarme. Selon la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), l’utilisation du protoxyde d’azote détourné de son usage habituelle, est une pratique qui se répand de plus en plus. L’Agence régionale de santé Ile-de-France (ARS) a notamment alerté sur l’usage détourné du proto, à l’automne 2022.  Selon l’ARS, la  « consommation est en forte hausse depuis 5 ans » et « en très nette recrudescence ces derniers mois ». L’ARS précise qu’elle a augmenté dans le cadre des confinements liés à la pandémie de covid 19.  Selon les professionnels de santé, la consommation de gaz hilarant concerne un public de jeunes adultes, de plus en plus jeunes (13-20 ans). Il est consommé dans un contexte récréatif de groupe, mais parfois aussi par un consommateur ou une consommatrice isolée.

Ballons : effet du gaz hilarant ou proto ?

Le protoxyde d’azote apporte une sensation immédiate. Il procure un effet euphorisant (fou rire impossible à contrôler) ainsi qu’une sensation de « distorsion sensorielle » et de flottement. Son succès s’est amplifié au cours des années. 

Quels sont les risques du protoxyde d’azote sur la santé humaine ?

Les risques connus liés à l’utilisation du protoxyde d’azote sont :

• Asphyxie. Les cartouches de protoxyde d’azote se trouvent très concentrées. Inhaler de façon répétitive peut conduire à la mort par manque d’oxygène.
• Perte de connaissance. Celle-ci peut se terminer par une chute avec ses risques de fracture et de traumatisme.
• Brûlure par le froid et ou engelures. Le protoxyde d’azote est très froid. L’inspirer directement depuis la cartouche n’est pas conseillée. Cela expose à un risque important de gelures au niveau du nez, des lèvres et des cordes vocales. 
• Désorientation;
• Vertiges;
• Chute;
• Manque des réflexes de la toux et de la déglutition. La personne peut faire ce qu’on appelle une fausse route et obstruer ses poumons.

Protoxyde d’azote : séquelles, danger

L’usage répété ou à intervalles rapprochés de protoxyde d’azote peut entraîner :

• Des atteintes neurologiques;
• Des modifications hématologiques (composition du sang), anémie en particulier;
• Problèmes psychiatriques, anxiété;
• Problèmes cardiaques;
• Difficultés motrices (risques de paraplégie).

En outre, si la consommation s’accompagne d’autres produits comme la drogue ou l’alcool, ces risques sont augmentés. En cas de troubles de santé, des séquelles sont à craindre.

Proto : comment limiter les risques ? 

Les autorités sanitaires recommandent de ne jamais consommer ce type de produit. Néanmoins, pour ceux et celles qui le font, elles suggèrent de limiter les risques :

• rester assis;
• prendre le temps de respirer de l’air entre chaque bouffée;
• ne pas inhaler proche du détonateur, de la cartouche ou du siphon : il s’agit d’un gaz très froid qui brûle;
• éviter d’inhaler à plusieurs reprises;
• ne pas conduire après;
• ne pas approcher une flamme du gaz car il est très inflammable.