La Nation avait une dette envers les mutilés de guerre, mais aussi, au même titre, envers les mutilés du travail…
Combat
Le combat de la Fnath s’est fondé sur la comparaison entre le sort des soldats mutilés durant la guerre (celle de 14-18) et celui des travailleurs mutilés par le travail.
Année des cent ans
« Notre fédération n’a qu’un seul but : défendre les intérêts de tous les travailleurs victimes d’un accident du travail, s’exclame un appel du groupement de la Seine paru dans la presse en février 1923, il y a 97 ans. Ceux qui ne rejoignent pas cette organisation sont ou des inconscients ou des traîtres à leurs intérêts et à ceux de leurs frères de misère. »
Comparaison
Tel est l’état d’esprit dans lequel la Fédération des mutilés du travail naît quelques mois auparavant, au congrès constitutif de Saint-Étienne des 15 et 16 octobre 1921. Henri Christine en est le premier secrétaire général. Son siège se trouve à Marseille. Et Baptiste Marcet y présente un projet de revendication pour modifier, sans tarder, la loi de 1898 qui a enfin créé un régime spécifique d’indemnisation des accidents du travail. La première action porte sur la majoration des rentes (non revalorisées depuis 23 ans !).
Fnath
Pour faire fléchir les sénateurs, les militants organisent une manifestation en mai 1922 à Lyon. Suivie d’une première victoire pour la Fédération. Elle obtient une majoration pour les rentes versées à ceux qui sont mutilés au-delà de 50 %.
Dette
En 1922, Rémy Raffin, succède à Henri Christine, au congrès de Paris. Raffin, mineur de la Motte d’Aveillans (Isère) est un grand mutilé qui a perdu l’usage de ses jambes, et dont la franchise, la loyauté, la sincérité et la bonté ont touché ses compagnons de lutte. Il passe la main en 1925, au congrès du Havre, à Baptiste Marcet qui avait déjà en charge le secrétariat juridique. Marcet restera à la tête de la Fédération durant 38 ans. Les Mutilés du travail installent leur siège à Saint-Étienne, fief de Marcet. Entretemps, le premier numéro du Mutilé du travail, ancêtre d’ À part entière, a vu le jour (en janvier 1923).
Essor
Ainsi que le souligne l’historien Damien de Blic*, la Fédération, sous ses appellations diverses, monopolisera l’action des accidentés du travail, depuis cette date, et jusqu’à ce jour. Avec Marcet, la Fédération allait prendre son essor, définir ses principes et ses méthodes d’action. Les mutilés commenceront par comparer leur sort à celui réservé aux anciens combattants (de la guerre 14-18) blessés. « C’est ce travail de comparaison qui offre l’opportunité d’adosser à une cause nationale le collectif naissant des accidentés du travail et de galvaniser les énergies militantes.»
Sort des mutilés du travail
La Nation avait une dette envers les mutilés de guerre, mais aussi, au même titre, envers les mutilés du travail. Mais elle refusait de l’admettre. « Le travail est essentiellement un service public et non pas exclusivement un service particulier. Il assure la vie de la collectivité. Ainsi, en démocratie organisée, le travail constitue un devoir. Tout devoir correspond a un droit : le droit à la garantie contre les risques de ce devoir. Les revendications des Victimes du travail sont une revendication pour tous les travailleurs, l’ouvrier valide d’aujourd’hui étant appelé chaque jour à être frappé à son tour. »
* Damien de Blic, N° 2-3, avril-septembre 2008, La Documentation française, 27 euros. – APE 266. Numéro spécial 90 ans 283 bis. Octobre 2011. Pierre Luton. ** Extraits plaquette « Cinquante années d’actions et de solidarité », 50e anniversaire de la Fnath, Roger Dauphin -DR.
>>> Découvrir le numéro des cent ans !
Pierre Luton
© D.R.
Home
- Bronchiolite, infection respiratoire : des vaccins pour les tout petits et les personnes âgées - 11 juillet 2024
- Pierre Luton alias Pluton journaliste, spécialisé santé, social et SEO - 10 juillet 2024
- La propagation des moustiques inquiète en Europe - 20 juin 2024