Quels effets la crise du coronavirus a-t-elle eus sur les salariés et leurs représentants ? Le cabinet Technologia a sondé 2 500 élus du personnel en avril 2020, en plein confinement.
Le dialogue semble s’être maintenu, mais l’avenir reste sombre.
Crise du coronavirus
Si le dialogue social semble s’être maintenu durant le confinement, la quasi-totalité des élus du personnel n’en jugent pas moins la situation « grave » et redoutent ( à 76 %) ses effets négatifs. En avril dernier, en plein confinement, Technologia a interrogé des élus et responsables syndicaux. Ce cabinet d’expertise et de prévention, spécialisé dans la santé au travail (Renault, France Télécom, suicide au travail…), a reçu plus de 2 500 réponses à un questionnaire en ligne qui a été enrichi de 50 entretiens réalisés par téléphone et en visioconférence.
2 500 élus du personnel
81 % des personnes sondées sont issues du secteur privé et 19 % du secteur public. Deux-tiers appartiennent à une entreprise nécessaire à la sécurité de la Nation ou à la continuité de la vie économique et sociale. Ces personnes sont en outre souvent demeurées en activité tout au long de la crise. Et, pour celles qui se sont retrouvées en chômage partiel, elles ont cependant poursuivi leur activité de représentation. 8 % d’entre eux ont perdu un proche (famille, ami, collègue) en raison de la pandémie.
Avril 2020
19 % des élus commencent par réserver leur jugement sur l’impréparation ou non du gouvernement dans cette crise. Mais ils sont plus de la moitié à estimer qu’il n’était pas préparé et qu’il n’a pas pris les bonnes décisions. Seuls 0,8 % estime que les Pouvoirs publics étaient à la fois bien préparés et qu’ils ont pris de bonnes décisions pour faire face à la crise.
Dialogue
Mais la catastrophe sanitaire ne semble pas avoir empêché le dialogue social ni entraîné une rupture des échanges, remarque Technologia. « Les élus du personnel et les directions des relations humaines se sont adaptés pour maintenir un lien et des mécanismes de partage de l’information entre eux ». Les réunions et consultations ont bien pu se tenir à distance. Seuls 12 % des élus du privé n’ont pas tenu de réunion. La moitié des élus mettent même en avant des moments de solidarité, soutien et aide. Néanmoins, 60 % des répondants ont ressenti des difficultés à échanger directement avec les salariés.
Juridique
Sur le plan juridique, ils sont un peu plus de la moitié à estimer avoir pu maîtriser les évolutions imposées par les décisions exceptionnelles prises par le gouvernement dans le cadre de l’Etat d’urgence sanitaire. « Les organisations syndicales ont maintenu (…) leur activité et leur réflexion apportant un soutien juridique salué par 84,2 % des élus du personnel ». La moitié des élus auraient souhaité cependant être plus accompagnés par leur direction et par les pouvoirs publics dans cette entrée en confinement.
Effets sur les salariés
Par ailleurs, les personnes interrogées expriment majoritairement un satisfecit pour au moins cinq décisions des Pouvoirs publics. Pour plus de 50 % des personnes sondées, les décisions en matière de confinement et de soutien financier à l’économie et aux entreprises sont bien accueillies. La mise en place des arrêts maladie pour garder les enfants a été appréciée par 2 élus sur 3. L’incitation au télétravail et la facilitation de l’activité partielle (chômage partiel) sont les deux autres mesures phares des Pouvoirs publics appréciées par les élus du personnel à respectivement 90 % et 75%. Bien que les mêmes soulignent une impréparation dans la mise en place du télétravail, une surcharge de travail (un tiers des répondants) et des insuffisances en matière de management.
Travail illégal
Enfin, au moins la moitié des élus a déploré que le dispositif de chômage partiel ait été détourné de ses objectifs. Ils considèrent que des demandes d’activité interdites ont eu lieu. 30 % des salariés en chômage partiel auraient été appelés par leur manager et 11 % par leur dirigeant. 24 % des employés en chômage partiel total auraient été amenés à poursuivre leur activité à la demande de l’employeur. « Il est à souligner aussi qu’une même proportion a poursuivi son travail de sa propre initiative » ajoute Technologia.
Avenir sombre
Pour l’avenir, les sondés ont une vision plutôt pessimiste qui incite à la prudence. Environ 3 élus sur 4 estiment que la crise conduira à des modifications substantielles sur le long terme du Code du travail. Plus de 40 % redoutent l’obligation de devoir réduire les effectifs du fait des conséquences de la crise ou de l’obligation de mettre en place des dispositifs contraignants en termes de productivité. Deux-tiers craignent également une perte de revenus pour les salariés. Mais les représentants du personnel pensent avoir un rôle majeur à jouer dans les trois mois à venir, à la fois pour accompagner les salariés qui les sollicitent quotidiennement, mais également, pour assurer avec l’employeur l’avenir du travail et préserver l’emploi.
Pierre Luton
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