Moins un cancer présente de métastases, plus il est facile à traiter et guérir. C’est dans ce contexte que les chercheurs de l’Inserm se sont intéressés au mécanisme de fabrication des métastases dans le cancer du sein.
Une enzyme, la SMYD2, joue un rôle important dans la formation de métastases dans le cancer du sein, C’est ce qu’une équipe de chercheurs d’une unité de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a mis à jour. Leurs résultats publiés, fin mars 2024, permettent de démonter les mécanismes en jeu dans la formation des métastases dans le cancer du sein.
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Le chercheur Nicolas Reynoird, avec son équipe, au sein de l’institut pour l’avancée des biosciences (Dynamique de la méthylation des protéines dans le cancer) à Grenoble (Isère), a indiqué avoir détecté une enzyme impliquée dans la formation de métastases. Une enzyme est une protéine qui joue un rôle dans telle ou telle réaction chimique au sein des cellules de notre corps.
Cancer du sein métastatique
Cette fameuse enzyme, SMYD2 a montré sa capacité à interragir avec d’autres protéines et d’influencer leur fonction. Pour comprendre quel rôle elle pouvait jouer dans le cadre du cancer du sein, l’équipe de Grenoble a eu recours à des souris génétiquement modifiées atteintes d’un cancer du sein. Au bout de quelques temps, ils ont remarqué que l’absence de l’enzyme en question était corrélée avec une meilleure survie de ces souris. Et surtout, qu’elles ne développaient pas ou très peu de métastases.
Formation des métastases
SMYD2 modifie ainsi une molécule appelée BCAR3 qui elle-même cible une autre protéine appelée FMNL impliquée dans la formation d’excroissance qui permettent aux cellules d’avancer. L’Inserm explique : « SMYD2 est donc un activateur et un amplificateur de la motricité, de la migration et de l’invasion cellulaire à l’origine des métastases. »
Mécanisme cellulaire
Cette équipe a ainsi démonté le mécanisme cellulaire impliqué dans la création et la formation de métastases après une cascade de réactions de protéines : SMYD2 a une action sur BCAR qui elle-même actionne FMNL. Ce mécanisme permet à une cellules en quelque sorte d’apprendre à migrer : c’est exactement ce qui peut se produire avec une cellule cancéreuse.
Qu’est-ce qu’une métastase ?
Une métastase est une tumeur secondaire qui migre à partir d’une tumeur primaire et colonise d’autres parties du corps. C’est la genèse de ce mécanisme– où comment une cellule cancéreuse peut-elle produire d’autres cellules cancéreuses qui vont migrer ?- que les chercheurs de l’Inserm ont révélée.
Protéine SMYD2 : découverte
Quelles sont les applications pratiques de cette découverte ? On peut envisager de bloquer l’enzyme SMYD2 pour stopper ou limiter la production de métastases. Les chercheurs ont donc tenté de la bloquer et démontré que, chez la souris, cette inhibition a un effet. Cette thérapeutique limite de façon drastique, souligne l’Inserm, la formation de métastases. A ce stade, l’organisme de recherche précise qu’il n’y a pas encore d’essai chez l’être humain, mais que « cela ne saurait tarder ».
Perspective de nouveaux traitements
C’est découverte offre une nouvelle clé pour soigner les cancers du sein et tenter de les ralentir en agissant sur les tumeurs primaires afin qu’elles ne produisent pas des métastases.
Cancer du sein métastasé, avancé, agressif
L’Inserm rappelle que le cancer du sein touche plus de 60 000 nouvelles femmes par an en France. Il s’agit du cancer le plus fréquent chez les femmes. Grâce au dépistage du cancer du sein, une prise en charge précoce est de plus en plus possible.
Taux de guérison
Aujourd’hui, on estime que 3 cancers du sein sur 4 sont guéris dans notre pays. Avec un traitement engagé tôt, le taux de guérison atteint 9 sur 10. On considère aussi qu’entre 30 et 50% des patientes développeront néanmoins des métastases. Dans ce cas, les taux de guérison sont moins élevés. La majorité des décès par cancer du sein est en lien avec la propagation de métastases dans l’organisme, notamment dans les poumons et le os. D’où l’importance de comprendre le mécanisme de fabrication des métastases pour les empêcher ou les contrôler. Le développement de la recherche, des traitements et du dépistage notamment en lien avec l’intelligence artificielle, permettent d’espérer une meilleure prévention du cancer du sein et une meilleure prise en charge.
Les questions les plus fréquemment posées
Est-ce qu'on peut vivre avec des métastases ?
Il est difficile de répondre de façon absolue à cette question. Mais, de plus en plus, un cancer métastasé peut être pris en charge comme une maladie chronique. Et les métastases peuvent être, dans de nombreuses situations, contrôlées par un traitement.
Quelles sont les métastases les plus dangereuses ?
D’une manière générale, toutes les métastases, si elles ne sont pas contrôlées par un traitement, peuvent représenter un danger. On peut dire, de façon un peu plus certaine, quel type de cancer peut éventuellement devenir métastatique : il s’agit du cancer du sein, de la prostate, du côlon et du rectum…
Quelle espérance de vie avec un cancer métastasé ?
L’espérance de vie pour un cancer métastasé non soigné est généralement faible. Dans le cas d’un cancer métastasé, ou cancer généralisé, soigné, cela dépend de nombreux critères : la localisation des métastases, le type de cancer, le nombre et la taille des métastases… L’espérance de vie dépend aussi de la façon dont le corps du ou de la patiente répond aux traitements.
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