Le Beyfortus a fait l’objet d’une campagne de prévention de la bronchiolite. Dépassées par son succès, les autorités doivent aujourd’hui restreindre son accès pour le réserver aux nourrissons les plus fragiles.
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ToggleLe Beyfortus, ce vaccin victime de son succès
Le Beyfortus a été victime de son succès ! Une campagne à la fin de cet été a été lancée pour promouvoir ce nouveau traitement préventif par anticorps monoclonal contre la bronchiolite. La bronchiolite est une infection respiratoire particulièrement agressive pour les plus petits. La campagne visait les parents des nourrissons et de nouveau-nés, nés depuis le 6 février 2023. L’idée était d’immuniser les bébés avant le début de l’épidémie qui survient généralement en octobre et prend fin habituellement fin janvier.
Une campagne pour les bébés non obligatoire
La campagne de « vaccination » des bébés avec le Beyfortus n’a pas de caractère obligatoire. Elle vise à réduire le nombre de cas de bronchiolite.
200 000 doses pour les nourrissons
Personne ne pouvait prédire si les parents allaient accepter de traiter leurs enfants, s’agissant d’une innovation médicale. Le gouvernement, a reconnu le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, interrogé à l’Assemblée nationale le 3 octobre, avait tablé « sur 30% d’adhésion de la part du public. Il a donc commandé 200 000 doses d’un traitement » qui, à l’époque de la commande, n’avait pas encore reçu d’autorisation. Il l’a eue depuis et semble prometteur, même si un suivi doit le démontrer. « C’est une excellente nouvelle que, dans les maternités, le taux d’adhésion se situe entre 60 % et 80 % », a souligné le ministre.
Un traitement préventif pour les enfants
Nicolas Revel, le nouveau patron de l’Assistance publique, hôpitaux de Paris (AP/HP), l’a confirmé, le 9 novembre au micro de France inter : « On peut se féliciter qu’en France on ait le Beyfortus, on a été l’un des quatre pays au monde qui ont fait le choix d’acheter du Beyfortus et de proposer son administration aux jeunes parents au profit de leur nourrisson. A l’APHP, l’on a été en première ligne avec un succès inattendu puisque 80% des parents qui ont eu un enfant né dans nos maternités ont accepté que le Beyfortus soit administré à leur enfant. »
Pic épidémique du virus de la bronchiolite
Où en est l’épidémie ? Actuellement, Santé publique France constate que l’activité liée à la bronchiolite est toujours en hausse en médecine de ville et en milieu hospitalier chez les enfants de moins de 2 ans. Les autorités sanitaires notent ainsi une « nette augmentation » dans notre pays, à la fois aux urgences, en hospitalisation, auprès de SOS Médecins. Par ailleurs, 10 régions sur les 13 hexagonales de notre pays sont d’ores et déjà considérées en situation épidémique. Ajouter à celles-ci : Guadeloupe, Martinique et Guyane. En sont exclues à ce stade : Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’azur et Corse.
Urgences et hospitalisations touchées
Nicolas Revel confirme que l’épidémie est moins agressive, à ce stade, par rapport à la fin 2022 : « on est vigilants, on est exactement dans la période où l’épidémie commence à circuler, on voit un premier effet sur nos services d’urgence et d’hospitalisation. Mais nous ne sommes pas dans la même situation que l’année dernière, année très particulière où l’on avait été amenés à transférer hors de l’Ile-de-France une cinquantaine de jeunes patients. Aujourd’hui, nous nous situons à la moitié de ce que l’on a subi l’année dernière, à la même époque, quand on avait, par jour, quarante à cinquante enfants hospitalisés à l’APHP pour bronchiolite. Aujourd’hui, cela concerne une vingtaine d’enfants »
Risque de pénurie : privilégier les nourrissons les plus fragiles
La question du risque de pénurie a émergé dès que l’on a constaté le fort taux d’adhésion des parents en faveur du traitement de leurs enfants. Le ministre de la Santé a ainsi indiqué assumer le fait de « protéger les nourrissons les plus à risque« . Quels sont ces bébés ? « Qui ont été les 47 000 nourrissons hospitalisés l’an dernier ? Ceux qui avaient quelques jours ou quelques semaines. Donc oui, nous privilégions les doses de 50 milligrammes de Beyfortus dans les maternités… » Pour sa part, Nicolas Revel a estimé que l’on n’avait pas encore épuisé le stock… « Mais si on devait en manquer en décembre », il laisse entendre que l’on aurait, à ce stade de l’année, de toute façon, passé le point le plus gros de la vague épidémique…
Premières restrictions
Déjà, fin septembre dernier, les sites pharmaceutiques et médicaux soulignaient la suspension des livraisons du Beyfortus aux pharmacies de ville. Cela concernait la version 100 mg. Nous étions moins de deux semaines après le démarrage de la campagne de prévention, appelant à administrer le Beyfortus aux jeunes enfants. Un peu avant, les autorités sanitaires décidaient de réserver la distribution du Beyfortus, 50 mg, en version solution injectable en seringue, aux maternités et hôpitaux. Notre confrère, Libération, indiquait que, face à la demande croissante, les autorités sanitaires avaient réservé le traitement aux seuls maternités. Citant France inter, il révélait « qu’au sein des maternités, les soignants devaient trier les nourrissons pour administrer les doses ».
Promesses gouvernementales
Mais « nous nous battons tous les jours… pour obtenir plus de doses et pour faire en sorte, et je suis sûr que ce sera le cas, que la France soit le pays doté de la meilleure couverture de Beyfortus dans le monde », a assumé le ministre de la Santé devant la représentation nationale.
Les questions les plus fréquemment posées
Qu'est-ce que le Beyfortus ?
Le Beyfortus (nirsévimab) est appelé un peu rapidement un « vaccin ». Il s’agit en réalité d’un traitement qui prévient la maladie en utilisant des anticorps monoclonaux. Les anticorps monoclonaux imitent les anticorps produits naturellement par les patients atteints par tel ou tel agent. Les anticorps monoclonaux protègent contre une infection et/ou la traitent et peuvent agir très vite. On a, par exemple, déjà utilisé les anticorps monoclonaux pour soigner les patients les plus atteints par le covid 19.
Anticorps monoclonaux, c'est ce qu'a reçu Donald Trump ?
C’est effectivement le traitement anti covid qu’a reçu l’ancien président américain, Donald Trump, en 2020.
Comment soigner rapidement une bronchiolite à la maison ?
En cas de bronchiolite, il est indispensable de faire examiner l’enfant par un médecin. L’automédication ne peut suffire dans ce type de maladie.
Quel médicament en cas de bronchiolite ?
La bronchiolite est une maladie qui nécessite un avis médical. Pour soulager les symptômes de l’enfant, il est possible d’envisager le lavage du nez (sérum physiologique), le traitement de la fièvre, la kinésithérapie respiratoire, de le tenir à l’abri de la fumée de cigarette… Dans tous les cas, consultez un médecin !
Quelle est la durée d'une bronchiolite ?
Sans autre complication, ni symptômes supplémentaires, la bronchiolite peut durer une dizaine de jours.
Bronchiolite jusqu'à quel âge ?
Les nouveau-nés et les nourrissons sont les plus exposés. Mais, il est possible d’attraper une bronchiolite à tout âge.
Photos de Une et article copyright et d’illustration ©PLuton2023, Midjourney, la plupart des photos sont des créations fictives, Creatives Commons.
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